Lorsque fut décidée l’organisation du trentième anniversaire d’un centre culturel dont la seule vocation est de perpétuer les valeurs du judaïsme sans jamais oublier les terribles épreuves que notre peuple a traversé, le choix de la peinture d’Alain Kleinmann s’est immédiatement imposé à nous.
Cet homme, magicien de la mémoire, ne tombe jamais dans la sensiblerie mais sans cesse, au travers de son art, renvoie nos âmes à nos racines, à nos souffrances, à notre nostalgie comme pour mieux nous armer dans la traversée d’une vie emplie d’obstacles.
Pourtant, au delà de nos différents degrés de religiosité, nos valeurs communes nous fédérent dans cette tradition de mémoire, de solidarité, de transmission mais surtout d’espoir et de projection vers l’avenir.
Certes Alain fait jouer ses pinceaux tel ce violoniste à l’entrée du camp de la mort, mais il appuie très souvent son œuvre sur les enfants comme pour nous crier que rien n’est perdu et que la folie meurtrière de l’homme n’aura pas raison de la plus belle création divine : l’Homme.
Les différentes matières et objets qu’utilise Alain Kleinmann sont omniprésents tant son besoin est grand de donner vie à son œuvre au-delà d’aplats lisses et froids. Pour lui, les objets aussi sont chargés de souvenirs.
Il sait décrire cette mémoire commune à tout un peuple, mémoire qui dans le même temps, nous est si personnelle qu’on y reconnaît chacun, qui une grand mère, qui un vieil oncle, qui un petit frère ou le Rabbin de son village…
Alain au travers de son œuvre est un véritable porteur de mémoire, non pas pour transmettre de la haine, mais comme l’écrivait Martin GRAY à son propos ” pour servir de vigie. Au bout de la veille , on doit trouver l’espoir “.
Daniel HALIMI