La parachath Bamidbar, que nous lirons ce Chabbath, est toujours lue le chabbath qui précède la fête de Chavouoth. Cette section est essentiellement consacrée au nouveau recensement du peuple d’Israël, âgés de vingt ans et plus, pour arriver au nombre de six cent trois mille cinq cent cinquante, sans la tribu de Lévi, recensée à part. Il y est question aussi de la place de chaque tribu dans la disposition générale du camp d’Israël durant toute la durée de ses déplacements dans le désert, trois tribus groupées dans chaque point cardinal, à titre définitif, ce quadrilatère ayant en son centre la tribu de Lévi ainsi que le Tabernacle.
La question est de comprendre le lien possible entre ce recensement et cette description avec la fête de Chavouoth, célébrant la Révélation au mont Sinaï.
La caractéristique essentielle de la disposition des douze tribus tenait dans l’alignement parfait des tribus, notamment chacune derrière son drapeau. La plus petite comme la plus grande des tribus d’Israël, avait sa place attitrée et son pavillon battant au vent du désert. Chacune avait son identité propre, son symbole brodé sur son fanion, celui-là même que Jacob avait désigné, par esprit prophétique, à chacun de ses fils. Chaque tribu arborait fièrement son drapeau et se plaçait sous l’autorité de son chef.
Cependant, l’appartenance à sa tribu ne signifiait pas son détachement des autres tribus, tant s’en faut. Il y avait comme une super structure, le peuple d’Israël, qui réunissait l’ensemble des tribus dans les moments importants et le moment de la Révélation de D. au mont Sinaï en était un, bien sûr. C’est d’ailleurs cette unité assumée de tout le peuple qui permit à D. de « descendre sur le mont Sinaï » et de Se révéler à Son peuple, le Six Sivane 2448.
La Torah est foncièrement le symbole de l’unité et de la paix. Elle ne put être donnée à Israël que grâce à cette union qui transcende le clivage des tribus. La Torah est le ciment qui rattache tous les juifs, quels qu’ils soient et où qu’ils soient dans le monde ; elle est le langage commun qui permet de s’identifier unanimement à nos ancêtres, à notre peuple millénaire.
Voici le message que je voudrai délivrer à l’occasion de la célébration prochaine de Chavouoth 5784. La guerre qui se prolonge en Israël, les sacrifices terribles que notre peuple endure chaque jour, le déchaînement de haine insupportable dans le monde entier, nous soumettent à très rude épreuve, nous donnant le sentiment d’être seuls au monde. C’est précisément le moment ou jamais de se réunir, de se rassembler, de serrer nos rangs pour faire face à l’invective et à l’adversité. L’unité de notre peuple n’est pas un vain mot ; elle est le fondement de notre existence et la condition sine qua non du don de la Torah. Quelles que soient nos opinions diverses, elles ne doivent pas remettre en doute notre appartenance commune au peuple d’Israël.
Dans les grands moments de notre histoire, dans nos combats pour notre terre et pour notre peuple, nous restons attachés de façon inaliénable à nos valeurs et à notre Torah révélée il y a plus de trente cinq siècles.
La fête de Chavouoth vient nous le rappeler et nous dire Am Israël haï ! La Torah, le peuple et la terre d’Israël ne forment qu’une seule entité.
Bonne fête de Chavouoth.