L’amour de la terre d’Israël chez nos Pätriarches

Dans notre parachah, Hayé Sarah, apparaissent nettement deux préoccupations fondamentales chez Avraham, après la disparition de Sarah : acheter un lopin de terre pour y ensevelir Sarah et trouver une épouse digne à son fils Ytshak. Ces deux exigences se rattachent en fait directement à la valeur et à l’amour qu’accordait Avraham à la terre promise par D.

La première peut surprendre, tout d’abord, car elle contredit la promesse maintes fois répétée par D. de lui donner cette terre en héritage : s’il en est ainsi, pourquoi Avraham insiste tant pour acheter un terrain désolé, ainsi que la grotte qui est située juste en dessous, n’est-il pas le maître de toute cette terre de Canaan de droit divin, qui plus est ? Quelle importance étonnante accorde-t-il donc à cette grotte, à ce carré de terre sans valeur et sans vie, desséché par le soleil au point de l’acheter au prix fort, bien au-dessus de sa valeur réelle ?

Ibn Ezra explique l’importance qu’accorde la Torah à la terre d’Israël « pour les vivants comme pour les morts ». Tout homme qui se respecte se doit de choisir le lieu où il reposera, tout comme les rois et les princes se sont toujours préoccupés de leur vivant d’ériger un mausolée sur le lieu de leur future sépulture, marquant ainsi l’histoire de leur empreinte, pour la postérité. Le lien profond qui rattache l’homme à la terre, terra amata, est aussi puissant que celui qui le rattache à sa mère nourricière, de sorte qu’il aspire à y revenir et à y reposer à la fin de sa vie. Ainsi, le lieu de la sépulture de Sarah devint la première attache à la terre  promise à sa descendance, eux qui venait d’une terre lointaine, le premier titre de propriété que produira sa postérité et que nul ne devra contester. Vous voulez connaître l’Histoire, recherchez-en les cimetières et les vestiges comme preuves irréfutables, comme autant de points d’ancrage dans la terre où elle s’est déroulée.

Avraham possédait une fortune colossale, certes, mais il ne possédait pas encore de la terre, indispensable pour le fixer lui et sa postérité sur la terre promise. Aussi, il préféra l’acheter de son argent, même au prix fort, pour balayer toute contestation sur son droit foncier, et ne pas se fonder seulement sur la promesse divine. 

Mais cela ne répond toujours pas à notre question : pourquoi juste ici ? Le Midrash raconte qu’Avraham avait découvert cette grotte et ceux qui y reposaient déjà depuis longtemps, Adam et Hava, d’où son autre nom de Quiryat Arba, les quatre couples illustres qui y habiteraient pour l’éternité (Rashi) ; il y régnait le parfum du Gan Eden et la quiétude de l’au-delà. Cette grotte était l’entrée de l’Eden, le trait d’union entre ici-bas et En Haut, entre le passé et le futur. Avraham, qui concentra l’attention du Très-Haut et bénéficiera de Sa Providence, constitua le point de départ d’une nouvelle lignée, Israël et sera investi de la mission interrompue et manquée qui avait échu à Adam, deux mille ans plus tôt. Cet échec lamentable sera alors rectifié par celui qui se donnera comme objectif absolu de faire connaître D. dans le monde et de le faire reconnaître par tous. En pénétrant dans cette grotte, Avraham comprit immédiatement qu’il devait prouver qu’il était, avec Sarah, le maillon qui devait continuer la chaîne rompue avant lui. Ce que le premier couple créé ne put ou ne sut accomplir, il le ferait avec Sarah à ses côtés. Lui aussi fut appelé par D. « père des nations » et Saraï – ma princesse – deviendra « la princesse », celle de tous.

Ainsi, Avraham et Sarah endossent une dimension universelle, précisément celle que possédait Adam -l’archétype de l’Homme et Hava – la Mère de tout vivant. Cette distinction n’était pas le fait du prince, mais bien la reconnaissance de leurs qualités exceptionnelles dans leurs relations aux autres, au monde.

Avraham décide donc de reposer dans cette grotte, celle-là même ou reposent les précurseurs de l’humanité, comme pour se joindre à eux et leur succéder dans leur tâche universelle. La référence au tombeau dont nous parlions plus haut, scellera alors cette identification au premier couple de l’Histoire et parachèvera la mission commencée et assumée par Avraham et Sarah, en son lieu et place.

La deuxième priorité d’Avraham, dans notre parachah, sera de trouver une épouse à Ytshak, tâche on ne peut plus délicate, et là aussi, notre Patriarche se réfère à la terre, à sa terre : « …tu ne prendras point de femme pour mon fils, parmi les filles des Cananéens parmi lesquelles je réside. Ce n’est que vers mon pays et vers ma terre natale que tu iras…» (XXIV v3 et 4). Si Avraham affirme son attachement à la terre, ce n’est pas pour autant qu’il en accepte la débauche des peuples qui y vivent pour le moment. Il fait prêter un serment solennel à son fidèle serviteur afin qu’il aille très loin, en Mésopotamie, dans sa famille, pour en ramener une jeune fille. Cette recommandation prend un caractère solennel et ultime, lorsque l’on constate que c’est la dernière fois que nous entendons parler Avraham dans le texte de la Torah, comme pour souligner l’extrême importance qu’accorda Avraham à son ultime préoccupation vis-à-vis de Ytshak. Que D. le préserve de donner son fils à une de ces filles honnies de Canaan, débauchées et perverses. Mais alors, pourquoi envoie-t-il Eliezer chercher une jeune fille chez des idolâtres notoires dont il est issu ? Pourquoi mépriser celles-ci et préférer celle-là ? En raison de ses qualités d’âme ! Etre idolâtre en raison de l’éducation de ses parents n’empêche pas d’avoir des qualités d’âme qu’appréciait Avraham par-dessus tout : la générosité et la vertu. Une jeune fille possédant ces qualités, ne saurait être corrompue par des pratiques idolâtres qui disparaîtraient sitôt qu’elle changerait de milieu. C’est D. Qui m’a éloigné de ma famille d’idolâtres Qui guidera tes pas et t’indiquera celle qui sera digne d’épouser Ytshak, dit-il à Eliezer. Il sous-entend que lui aussi grandit dans une famille idolâtre, ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître D. et de Le suivre pour en arriver là.

La référence absolue que possède Avraham en matière de femme vertueuse, est Sarah. Sa générosité, sa pudeur, clairvoyance et sa fermeté manifestée en matière d’éducation, constituent pour Avraham l’idéal féminin. Or ces qualités ne semblaient se trouver qu’au sein de sa propre famille, dont les fondements étaient sains : Sarah n’était-elle pas sa demi-sœur ? Finalement, c’est cela la véritable richesse dont il faut se réjouir ; le verset précise qu’Avraham était devenu très riche, mais cette richesse là ne dissipa point son souci majeur après la disparition de Sarah. La lignée précieuse qu’il avait commencée, devait se poursuivre par son fils Ytshak, aux qualités exceptionnelles, aux côtés duquel devait se trouver maintenant une femme qui serait en quelque sorte l’héritière spirituelle de Sarah, celle qui devait prolonger ses actions et son œuvre dans le monde.

Le récit du voyage d’Eliezer, très précis et détaillé, nous présente en quelques mots les qualités de Rivka qui sont exactement celles qu’attendait Avraham : sa générosité, en lui proposant d’étancher sa soif, après avoir abreuvé les chameaux ; sa beauté, sa vertu, sa sagesse (Rashi v.16 et 24). Quant à sa pudeur, elle nous est relatée à la fin de la section, lorsqu’elle se couvrit immédiatement le visage à la vue de Ytshak, sans que celui-ci ne l’ait encore remarqué (v.65).

Rashi rapporte le Midrash qui dit que Ytshak, ne sachant encore la valeur de sa jeune épouse, la mit à l’épreuve en l’introduisant dans la tente de sa mère, Sarah, qui était restée fermée depuis sa mort. Aussitôt, la tente s’illumina et la vie y reprit, montrant qu’à nouveau l’esprit de Sarah vivait. Rivka était bien l’héritière de Sarah et ce n’est qu’alors que Ytshak se consola de la mort de sa mère et lui voua son amour. 

Dans notre parachah, Hayé Sarah, apparaissent nettement deux préoccupations fondamentales chez Avraham, après la disparition de Sarah : acheter un lopin de terre pour y ensevelir Sarah et trouver une épouse digne à son fils Ytshak. Ces deux exigences se rattachent en fait directement à la valeur et à l’amour qu’accordait Avraham à la terre promise par D.

La première peut surprendre, tout d’abord, car elle contredit la promesse maintes fois répétée par D. de lui donner cette terre en héritage : s’il en est ainsi, pourquoi Avraham insiste tant pour acheter un terrain désolé, ainsi que la grotte qui est située juste en dessous, n’est-il pas le maître de toute cette terre de Canaan de droit divin, qui plus est ? Quelle importance étonnante accorde-t-il donc à cette grotte, à ce carré de terre sans valeur et sans vie, desséché par le soleil au point de l’acheter au prix fort, bien au-dessus de sa valeur réelle ?

Ibn Ezra explique l’importance qu’accorde la Torah à la terre d’Israël « pour les vivants comme pour les morts ». Tout homme qui se respecte se doit de choisir le lieu où il reposera, tout comme les rois et les princes se sont toujours préoccupés de leur vivant d’ériger un mausolée sur le lieu de leur future sépulture, marquant ainsi l’histoire de leur empreinte, pour la postérité. Le lien profond qui rattache l’homme à la terre, terra amata, est aussi puissant que celui qui le rattache à sa mère nourricière, de sorte qu’il aspire à y revenir et à y reposer à la fin de sa vie. Ainsi, le lieu de la sépulture de Sarah devint la première attache à la terre  promise à sa descendance, eux qui venait d’une terre lointaine, le premier titre de propriété que produira sa postérité et que nul ne devra contester. Vous voulez connaître l’Histoire, recherchez-en les cimetières et les vestiges comme preuves irréfutables, comme autant de points d’ancrage dans la terre où elle s’est déroulée.

Avraham possédait une fortune colossale, certes, mais il ne possédait pas encore de la terre, indispensable pour le fixer lui et sa postérité sur la terre promise. Aussi, il préféra l’acheter de son argent, même au prix fort, pour balayer toute contestation sur son droit foncier, et ne pas se fonder seulement sur la promesse divine. 

Mais cela ne répond toujours pas à notre question : pourquoi juste ici ? Le Midrash raconte qu’Avraham avait découvert cette grotte et ceux qui y reposaient déjà depuis longtemps, Adam et Hava, d’où son autre nom de Quiryat Arba, les quatre couples illustres qui y habiteraient pour l’éternité (Rashi) ; il y régnait le parfum du Gan Eden et la quiétude de l’au-delà. Cette grotte était l’entrée de l’Eden, le trait d’union entre ici-bas et En Haut, entre le passé et le futur. Avraham, qui concentra l’attention du Très-Haut et bénéficiera de Sa Providence, constitua le point de départ d’une nouvelle lignée, Israël et sera investi de la mission interrompue et manquée qui avait échu à Adam, deux mille ans plus tôt. Cet échec lamentable sera alors rectifié par celui qui se donnera comme objectif absolu de faire connaître D. dans le monde et de le faire reconnaître par tous. En pénétrant dans cette grotte, Avraham comprit immédiatement qu’il devait prouver qu’il était, avec Sarah, le maillon qui devait continuer la chaîne rompue avant lui. Ce que le premier couple créé ne put ou ne sut accomplir, il le ferait avec Sarah à ses côtés. Lui aussi fut appelé par D. « père des nations » et Saraï – ma princesse – deviendra « la princesse », celle de tous.

Ainsi, Avraham et Sarah endossent une dimension universelle, précisément celle que possédait Adam -l’archétype de l’Homme et Hava – la Mère de tout vivant. Cette distinction n’était pas le fait du prince, mais bien la reconnaissance de leurs qualités exceptionnelles dans leurs relations aux autres, au monde.

Avraham décide donc de reposer dans cette grotte, celle-là même ou reposent les précurseurs de l’humanité, comme pour se joindre à eux et leur succéder dans leur tâche universelle. La référence au tombeau dont nous parlions plus haut, scellera alors cette identification au premier couple de l’Histoire et parachèvera la mission commencée et assumée par Avraham et Sarah, en son lieu et place.

La deuxième priorité d’Avraham, dans notre parachah, sera de trouver une épouse à Ytshak, tâche on ne peut plus délicate, et là aussi, notre Patriarche se réfère à la terre, à sa terre : « …tu ne prendras point de femme pour mon fils, parmi les filles des Cananéens parmi lesquelles je réside. Ce n’est que vers mon pays et vers ma terre natale que tu iras…» (XXIV v3 et 4). Si Avraham affirme son attachement à la terre, ce n’est pas pour autant qu’il en accepte la débauche des peuples qui y vivent pour le moment. Il fait prêter un serment solennel à son fidèle serviteur afin qu’il aille très loin, en Mésopotamie, dans sa famille, pour en ramener une jeune fille. Cette recommandation prend un caractère solennel et ultime, lorsque l’on constate que c’est la dernière fois que nous entendons parler Avraham dans le texte de la Torah, comme pour souligner l’extrême importance qu’accorda Avraham à son ultime préoccupation vis-à-vis de Ytshak. Que D. le préserve de donner son fils à une de ces filles honnies de Canaan, débauchées et perverses. Mais alors, pourquoi envoie-t-il Eliezer chercher une jeune fille chez des idolâtres notoires dont il est issu ? Pourquoi mépriser celles-ci et préférer celle-là ? En raison de ses qualités d’âme ! Etre idolâtre en raison de l’éducation de ses parents n’empêche pas d’avoir des qualités d’âme qu’appréciait Avraham par-dessus tout : la générosité et la vertu. Une jeune fille possédant ces qualités, ne saurait être corrompue par des pratiques idolâtres qui disparaîtraient sitôt qu’elle changerait de milieu. C’est D. Qui m’a éloigné de ma famille d’idolâtres Qui guidera tes pas et t’indiquera celle qui sera digne d’épouser Ytshak, dit-il à Eliezer. Il sous-entend que lui aussi grandit dans une famille idolâtre, ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître D. et de Le suivre pour en arriver là.

La référence absolue que possède Avraham en matière de femme vertueuse, est Sarah. Sa générosité, sa pudeur, clairvoyance et sa fermeté manifestée en matière d’éducation, constituent pour Avraham l’idéal féminin. Or ces qualités ne semblaient se trouver qu’au sein de sa propre famille, dont les fondements étaient sains : Sarah n’était-elle pas sa demi-sœur ? Finalement, c’est cela la véritable richesse dont il faut se réjouir ; le verset précise qu’Avraham était devenu très riche, mais cette richesse là ne dissipa point son souci majeur après la disparition de Sarah. La lignée précieuse qu’il avait commencée, devait se poursuivre par son fils Ytshak, aux qualités exceptionnelles, aux côtés duquel devait se trouver maintenant une femme qui serait en quelque sorte l’héritière spirituelle de Sarah, celle qui devait prolonger ses actions et son œuvre dans le monde.

Le récit du voyage d’Eliezer, très précis et détaillé, nous présente en quelques mots les qualités de Rivka qui sont exactement celles qu’attendait Avraham : sa générosité, en lui proposant d’étancher sa soif, après avoir abreuvé les chameaux ; sa beauté, sa vertu, sa sagesse (Rashi v.16 et 24). Quant à sa pudeur, elle nous est relatée à la fin de la section, lorsqu’elle se couvrit immédiatement le visage à la vue de Ytshak, sans que celui-ci ne l’ait encore remarqué (v.65).

Rashi rapporte le Midrash qui dit que Ytshak, ne sachant encore la valeur de sa jeune épouse, la mit à l’épreuve en l’introduisant dans la tente de sa mère, Sarah, qui était restée fermée depuis sa mort. Aussitôt, la tente s’illumina et la vie y reprit, montrant qu’à nouveau l’esprit de Sarah vivait. Rivka était bien l’héritière de Sarah et ce n’est qu’alors que Ytshak se consola de la mort de sa mère et lui voua son amour. 

S’il est vrai que la terre d’Israël est sainte, le peuple qui y vit doit l’être également. C’est cette qualité que nous espérons voir se perpétuer et se développer au sein de notre peuple, aujourd’hui.

S’il est vrai que la terre d’Israël est sainte, le peuple qui y vit doit l’être également. C’est cette qualité que nous espérons voir se perpétuer et se développer au sein de notre peuple, aujourd’hui.